La batterie en MAO

L'ordinateur est devenu le coeur de bon nombre de home studios, et tout le monde ne peut pas être multi-instrumentiste : l'apprentissage d'un instrument prend du temps, et la batterie est un instrument couteux, encombrant et... dérangeant pour les voisins :o) Donc cet ordinateur peut nous venir en aide pour réaliser des pistes de batterie accompagnant vos superbes morceaux. Voyons donc les éléments nécessaires à cette petite cuisine de home studiste.

Introduction : la batterie

La batterie est un instrument très répandu mais finalement peu connu. L'image du batteur rockeux au cheveux longs qui tape comme un bourrin pourrait faire passer cet instrument de musique comme facile et manquant de finesse. Il est vrai que la batterie est un instrument relativement facile pour débuter, mais plus on avance dans la pratique, plus cette pratique devient intéressante, riche et complexe. Il s'agit bien sur dans la plupart des cas d'un instrument de soutien, pas d'un instrument soliste. Le jeu du batteur est donc essentiel : il doit être présent sans être envahissant. Le musicien non batteur voulant créer des lignes rythmiques devra respecter le mêmes impératifs.

Il est bon de connaître l'instrument réel avant de tenter de l'imiter. Voici donc le set de batterie pourvu des éléments les plus courants (cliquez sur les différents éléments pour entendre leur son) :

Certains éléments peuvent être joués de plusieurs façon : caisse claire (sur la peau ou sur le cercle : on appelle celà un rim shot), cymbale ride (sur le plat, ou sur la cloche, qui est un bombement de la cybale vers le centre), cymbales charleyston (fermées, c'est à dire avec le pied enfonçant la pédale, ouvertes si on lève le pied de la pédale, ou encore au pied).

Remarque très importante : le batteur possède, comme la majorité des gens, deux bras et deux jambes. En conséquence il ne peux jouer simultanément que quatre éléments de sa batterie, dont deux joués aux pieds (charleyston et grosse caisse) et deux joués aux mains (le choix est vaste). Le charley peut-être joué d'une main, ou alternativement main droite/main gauche (cette deuxième technique de jeux étant nécessaire en cas de tempo élevé).

Certains kits de batterie peuvent, au grès de la fantaisie (et de la mégalomanie) du batteur, compter un plus ou moins grand nombre d'éléments :

Voilà, fermons ici cette brève introduction et entrons dans le vif du sujet!

I. Les logiciels

A. Le séquenceur

Certainement possédez-vous déjà un séquenceur. Celui-ci devra de préférence être un hôte pour les instruments virtuels (au format VST ou DXi) et gérer les plug'ins pourvus de sorties audio multiples (cf infra). La plupart le sont actuellement : la série des Cubase , Logic, Sonar pour les mastodontes, FLStudio, Orion, Musys (plus développé), Podium, EnergyXT pour les principaux out-siders que je connaissent.Vous trouverez une liste assez complète des logiciels compatibles avec les instruments VST sur cette page du site KVR-VST.

B. Les sons et comment les jouer

1. La solution sampler + banques de sons

Il existe quelques très bons samplers virtuels. Certains sont généralistes : Kontakt, Halion, Mach Five, Virtual Sampler pour ceux permettant l'édition des banques de sons. Kompakt est un sampler ne permettant pas l'édition des banques mais qui permet de charger pas mal de formats de banques de sons. Ces logiciels ne sont pas spécialisés, ils permettent de charger des banques de piano comme de batterie ou de violon.

D'autres samplers sont spécialisés dans le conception et le jeu des kits de batterie. Leur interface est plus pratique et ne s'encombre pas de fonctions inutiles pour éditer un kit.

Les banques de sons se trouvent dans divers format, le plus pratique étant le format soundfont qui regroupe en un seul fichier tous les samples nécessaires (voir mon article sur les soundfonts). Personnellement j'utilise Battery (Native Instruments) qui me donne entière satisfaction, mais d'autres existent : LM4 de Steinberg (une daube, chère en plus), RMIV (Linplug), DR-008 ( FXpansion), ainsi que bien d'autres, dont vous trouverez une liste sur cette page du site KVR-VST.

L'important pour choisir son sampler dédié à la batterie est que celui-ci possède plusieurs sorties audio séparées, ce qui permettra de traiter différemment les divers éléments du kit (la grosse caisse ne sera pas compressée et équalisée de la même façon que la caisse claire ou les cymbales).

L'avantage du sampler est son ouverture à plusieurs formats de banques de sons, ce qui fait qu'on peut toujours essayer de nouveaux kits, voir les modifier : prendre la caisse claire de l'un, y ajouter la grosse caisse de l'autre et les cymbales du troisième.

2. La solution banque de sons + lecteur propriétaire

Il s'agit en fait d'un sampler qui ne peut lire que la banque de sons livrée avec. Il en existe de différentes qualités et de différents prix.

Les moins chères font partie de la collection Plug-Sound, peu chère mais à la qualité peu convainquante. Plus chères, mais d'une qualité bien supérieure, ce sont les banques Drumkit From Hell (Toontrack) et BFD (FXpansion). En plus des samples, il est à noter que BFD propose une banque de rythme prêts à jouer (de qualité mais je m'abstiendrai de commentaire sur l'utilisation de ces trucs tous faits). Ces deux derniers logiciels ariivent à un grand degrè de subtilité dans le mixage, puisque l'on peut choisir la position des différents microphones enregistrant les éléments (!).

3. Qu'est-ce qui fait la qualité d'une banque de sons?

Les banques de sons de batterie répondent aux mêmes critères que les autres banques de sons (lire l'introduction de mon article sur les soundfonts, ici) : il faut que l'enregistrement soit effectué avec soin, et surtout avec le plus grand nombre possible d'échantillons par élément, correspondant à des forces de frappe différentes. A partir de 4 échantillons différents, le kit devient intéressant (8 pour la caisse claire est quand même un minimum).
Il est bon aussi que les frappes sur les fûts et les cymbales soient enregistrées jouées main droite ET main gauche : on peut ainsi programmer des roulements en évitant au maximum l'effet mitraillette.

Il est extrêmement important de noter que ce ne sont pas les banques les plus chères qui sont les meilleures. Pour preuve, il existe des banques gratuites qui sont au même niveau voir plus abouties que certaines vendues dans le commerce.

4. Le meilleur du gratuit

Le NSKit : très bon kit gratuit, actuellement dans sa version 7 et dont l'auteur a le bon goût de le proposer sous divers formats.

La grosse caisse : autre bon kit qui a beaucoup de pêche (surtout... la grosse caisse!).

II. La programmation : outils et techniques

A. Les outils

1. Le step-sequencer

Il est hérité des boites à rythme matérielles : on a une ligne de pas par élément que l'on peut activer ou désactiver. Ce système est suffisant pour les lignes de batterie forts simples. On peut souvent joué sur un facteur nommé shuffle, qui permet de donner un peu de balancement au rythme.
Mais on est vite limité : les pas sont souvent au 16éme de mesure (donc double-croche). Dans ce cadre, impossible de jouer des notes plus courtes et au revoir triolets, sextolets, quintolets, etc...

Le step sequencer de FLStudio

2. Le piano-roll

C'est à mon avis le meilleur moyen de programmer la batterie à la souris. On a ainsi accés à une bien meilleure résolution. Sur certains séquenceurs, la partie gauche, habituellement habillée d'un clavier de piano est remplacée par le nom des éléments de batterie organisés selon la norme General MIDI ou selon la banque de sons chargée dans le sampler virteul utilisé (cas du couple FLStudio/Battery).
La spécialisation du piano-roll (alors appelé éditeur de rythme ou drum editor) peut être plus poussée avec l'utilisation de symboles particuliers, mais c'est du détail... Parfois génant car on a plus accés directement à l'édition de la longuer des notes.


A gauche : le piano-roll de FLStudio ; à droite : l'éditeur de batterie de Cubase SE.

3. L'enregistrement MIDI

Pour cela, il faut disposer d'un contrôleur MIDI. Avec un simple clavier maître sensible à la vélocité il est possible de jouer des lignes très convaiquantes. Evidemment, impossible de faire des roulements et les ghosts notes (cf infra) ne seront pas faciles à réaliser pour les débutants.

Il existe des contôleurs MIDI dédiés aux percussions. Roland a sorti l'excellent HPD-15, qui se joue avec les doigts : idéal pour les non batteurs, les résultats peuvent être vraiment très très bons pour peu que l'on s'entraîne un moment.

Puis on a les batteries électroniques. Les modèles ras des pâquerettes telle la DD55 de Yamaha rendront de petits services aux batteurs, mais la sensibilité à la vélocité est vraiment trop juste pour jouer en finnesse. On n'utilisera ce genre de contrôleur que pour les rythmes simples ou pour créer l'ossature d'une rythmique.
Un cran au dessus, ce sont les batteries électronqiues en stand : beaucoup de modèles existent, je les regrouperaient en deux catégories. D'abord celle pourvues de pads en caoutchouc (Yamaha série DTX, Roland VDrums des séries V-Club, V-Compact et V-Tour) : le toucher est correct mais manque souvent de précision. Puis celles pourvus de peau nylon : on se rapproche là du toucher acoustique, et la frappe est beaucoup plus silencieuse (cas des VDrums des séries V-Pro et V-Stage de Roland). L'inconvénient de ce deuxième type de batterie : le prix!
Enfin, il est possbile de midifier une batterie accoustique avec des trigers et un convertisseur.

4. Conclusion sur les outils

Tous les outils cités ici sont complémentaires. L'idéal est bien sur la batterie électronque. Mais pour les non batteurs débutants, les meilleurs résultats seront obtenus en enregistant pas-à-pas les différents éléments de la batterie (surtout pour le charley ou la ride marquant la pulsation) ou en entrant une à une les notes à la souris dans le piano-roll. L'avantage de la première technique est de prendre en compte la vélocité des notes jouées sur le contrôleur (ainsi la vélocité ne sera pas homognène, voir infra). Pour les pianistes, il est possible d'obtenir un enregistrement en temps réel à partir d'un clavier maître, enregistrement que l'on retouchera et enrichiera à la souris dans le piano-roll.

B. La programmation proprement dite

Vous avez choisi votre séquanceur, votre sampler et votre banque de sons? Bravo, maintenant le principal reste à faire! Eh oui, une bonne banque pourra avoir un rendu dégueulasse si la programmation est mauvaise, alors qu'une programmation en finesse peut rendre un kit moyen tout à fait convainquant au sein d'un mix!

1. Solfège rythmique

Avec la notation type step sequencer ou piano-roll, la connaissance du solfège rythmique n'est pas indispensable. En écoutant en même temps que l'on édite, par essais/erreurs/corrections on fini par s'pprocher de ce que l'on veut onbtenir. Cependant, si vous débutez vraiment et que vous n'avez jamais touché à une batterie, je pense qu'il est bon :

- de vous acheter une méthode de batterie pour débutant, pas très chère, mais qui vous apportera un minimum de connaissance de l'instrument, vous fera prendre conscience de ce qu'il est possible de jouer et de ce qu'il ne l'est pas, et qui vous donnera les bases de la logique de l'instrument (quels éléments utiliser et comment) ;

- et/ou, si vous en avez les moyens, de prendre quelques cours avec un professeur particulier, au moins pour ressentir les sensations que l'on peut éprouver quand on joue réellement.

La connaissance du solfège rythmique vous fera gagner du temps pour transposer dans votre séquenceur le rythme qui vous trotte dans la tête. Bien sur, tout dépend des personnes : certaines ne connaissant rien à la théorie pigerons vite le truc, pour d'autre passer par une phase d'pprentissage théorique plus longue sera nécessaire. A vous de voir si vous êtes satisfait de ce que vous faites et de la vitesse de votre progression.

2. Principes de base de la programmation rythmique

Les éléments de la batterie qui vont marquer la pulsation, sont en règle générale les cymbales charleyston jouées fermées ou la cymbale ride jouée sur le plat. On peut jouer ces éléments à la noire, à la croche ou à la double croche, tout en gardant à l'esprit que plus le tempo est élevé, plus il est difficile de jouer les double croches.

La grosse caisse va être jouée sur les temps impairs et la caisse claire sur les temps pairs. LE rythme basique par excellence est donc celui-ci (cliquez sur l'image pour écouter le rythme) :

C'est pas beau hein! C'est du pur style boite à rythme, pas la peine d'avoir une bonne banque de sons si c'est pour obtenir ce genre de résultat! Le principal défaut de cette ligne de batterie se situe au niveau du charley : ce dernier peut être (et doit être) joué régulièrement niveau tempo, mais le volume de chaque coup ne peu pas toujours être le même (c'est physiquement, physiologiquement et musicalement impossible pour un batteur, même le meilleur, sauf si cet effet robotique est recherché, bien évidemment). En général, un batteur va accentuer les coups joués sur les temps ; en contre temps le volume sera relativement plus faible (ce qui est naturel dans la frappe d'un batteur : on a tendance à frapper plus fort de la main jouant le charley quand d'autres éléments sont joués en même temps, ici la grosse caisse et la caisse claire). Ecoutez le résultat en cliquant ICI.

C'est un peu mieux! Cela s'entendra un mieux avec la cybale ride jouée au lieu du charley : ICI pour la première version, et LA pour la seconde.

On peut complexifier le rythme en ajoutant des coups de grisse caisse, toujours en variant la vélocité des coups. Exemple : ICI. Cela nous permet d'entendre ici que chaque élément sonne différemment quand il est joué plus ou moins fort (d'où l'intérêt d'une bonne banque de son, CQFD :o).

Une autre technique de jeu des batteur pour faire groover leur rythme : les ghost notes. Ce sont des coups de caisse claire, très légers, à peine perceptibles, mais qui peuvent radicalement transformer un rythme. Voici le même squelette de rythme SANS et AVEC ghost notes. Dans l'exemple avec ghosts notes, j'ai volontairement exagéré la vélocité des notes fantomes. Voici le rythme sur deux mesures avec des ghosts notes encore atténuées : LA.


Patron rythmique sans ghosts notes.


Le même patron, mais avec des ghosts notes. Remarquez que j'ai utilisé deux éléments pour la caisse claire, de façon à éviter d'entendre de façon rapprochée des sons trop identiques (Acoustique Snare / Electric Snare correspondant dans ma banque de son à la meme caisse claire jouée main droite / main gauche ; dans la réalité, les ghosts notes et les coups forts sont joués avec la même main).